» Vous êtes le fils de Madame Oho Bambe, qui était professeure de lettres et de philosophie au collège Libermann, à Douala ? »
Moi : oui …
» Votre mère était mon enseignante principale en terminale A, et je lui dois d’avoir eu mon bac, je lui dois aussi plus que ça, si j’ai réussi dans la vie, à être celui que je suis, c’est grâce à elle. Et à ses encouragements, sa bienveillance. »
Moi : vos mots me touchent beaucoup, merci pour elle
» Mon fils est en terminale à Libermann, et vous êtes au programme de français, dans la section poésie francophone, j’ai vu votre nom hier en feuilletant le livre de mon fils et je me suis demandé si c’était possible que vous ayez un lien avec Madame Oho Bambe, et vous ai cherché sur le net et trouvé votre Facebook. »
Moi : merci d’avoir pris cette peine, vos mots sur ma mère, surtout aujourd’hui, me touchent. Au cœur.
» Laissez-moi vous dire ma gratitude encore pour cette femme exceptionnelle, et ma fierté que son fils soit enseigné au mien, ici au Cameroun. À côté de Césaire, Senghor, Damas, kateb Yacine, que votre mère nous lisait, nous apprenant ainsi à ressentir la poésie. Je vais découvrir votre travail et vous lire aussi, avec enthousiasme … »
Moi : …
Et je suis toujours, presque sans voix, depuis cette conversation du jour, dont je partage un extrait, ici avec vous, car elle porte en elle, tout ce à quoi j’aspire depuis mes plus jeunes années, transmission, partage, émotion belle, poésie-relation, valeurs et idéaux qui m’ont sauvé la vie, il y a plus de vingt ans, me la sauvent encore et m’élèvent. Toujours plus haut.
Me mènent. Au plus près de moi-même.
Jeannette Oho Bambe était professeure de lettres et de philosophie. Elle était ma mère. Elle nous a quittés il y a plus de vingt ans. Un 17 octobre.
Et pourtant elle vit encore. En moi, ma sœur et mon frère. Et en d’autres, qui l’ont connue, aimée, eue comme « prof », exceptionnelle me rapporte-t-on souvent. Encore aujourd’hui. Et j’en suis fier. Et ému. Toujours.
Ceci dit, j’espère que tous les élèves de terminale du monde francophone (les éditions Nathan sont présentes dans l’ensemble du monde francophone), ne me prendront pas en grippe car je deviens un auteur imposé, scolaire j’espère qu’ils continueront quand j’ai le bonheur de les rencontrer, à m’appeler « Capitaine » et à monter sur les tables pour déclamer leur prose, oser leurs causes, à slamer Hugo, Eluard et Césaire sur fond de guitare électrique, j’espère qu’ils riront encore aux éclats quand je répondrai à cette question récurrente en classes ou en ateliers : « quelle différence faîtes-vous entre poésie et slam »?
Moi : je n’en fais pas, et d’ailleurs je ne peux pas vous répondre, je ne suis ni poète, ni slameur, je suis vivant !!!
Merci à mes parents, pour la flamme, reçue en héritage. Depuis Douala, je marche. Dans leurs pas.
One Love !!!