Ici on partage
Le manioc et l’igname des jours
Les sourires vrais qui chantent l’amour
Le soleil de l’art
Et la clarté de l’âme
Qui ose toujours
Ici comme ailleurs pourtant
La misère tutoie les petites gens
Mais les casas restent grandes ouvertes
Aux anges et aux passagers des vents
Voyageurs
A la recherche du Temps
Et du sens perdu
Nos différences fraternisent et causent
En connaissance de cause
Et chaque instant s’éternise en prose
Dans l’éloquence du silence
Des poèmes cachés
Sous nos paupières closes
Ici
On partage la pamonia, le tapioca
Dans des maisons de lumière
Et le maïs acheté au bord des routes
A le goût inénarrable
Des certitudes qui chassent
L’ombre
Des doutes
Il n’y en a aucun
Je me sens chez moi ici
Je suis chez moi aussi
Ce n’est pas moi qui le dit
Mais la cachaça de l’amitié
Et ces nouveaux frères qui m’accueillent
Et m’invitent à lever mon verre et trinquer
A la beauté
Des lunes orangées
Chaque vers de douce heure exaltée
Délie nos langues exsangues
Délivre nos songes d’été
Et consacre nos versets secrets
En oraisons de bonheur sacré
Floraison de mots bohèmes :
Qui s’aime et aime l’autre comme lui-même
Sème autour de lui espérance et bonté
Parle et parsème son chemin
D’éclats d’humanité.
Le monde va mal
Certes
Mais por favor
Permettez-nous
De nous saoûler
D’images
De rires et sourires
De visages paysages
Farandole de souvenirs
De joie
Arrachée aux années qui filent
Vers l’éternité qui tremble
Et semble
Vouloir nous dire
Encore
Qu’au dernier soir sur cette terre
Pour chacune et chacun d’entre nous
Avant la mort
Il ne restera que la douceur
Ou la douleur
La tendresse
Des heures, et des moments fulgurants
Tempos incandescents
De vie-ensemble
MAOB