La pêche aux souvenirs

Je suis allé à la pêche ce matin.
La pêche aux souvenirs.
Mes souvenirs d’enfance.
Pour un texte que j’écris, et qui me demande.
De retourner en moi-même, enfant, adolescent.
Revenir à Douala.
Où j’ai poussé mon premier cri.
De poésie aussi.
Revenir à Douala.
Dans cette maison familiale.
Où je suis né à moi-même.
Fils du soleil.
Dans la cour de Sita et Grand-Pa.
A l’ombre du manguier.
Et à la lumière de l’amour.
Transmis par ma mère.
Pour les belles lettres et les gens vrais.
Sincères et justes.
Je parle souvent de ma mère.
C’est un tic chez moi.
Quand mon coeur en douceur, élève la voix.
Mon père n’était pas en reste.
Il m’a inoculé le virus de l’espoir.
Et cette faculté à ne jamais rien céder.
Aux « assassins d’aube. »
Ne rien leur céder.
Surtout pas ma joie.
Surtout pas mon bonheur.
Surtout pas ma liberté.
D’être ou ne pas être.
Où je m’attends.
Le désespoir est un luxe, que je ne peux toujours pas me permettre et que je ne me permettrai jamais.
Je suis allé à la pêche ce matin.
La pêche aux souvenirs.
Mes souvenirs d’enfance.
Le goût des mangues térébinthes.
La littérature, les livres de la bibliothèque acajou.
Cahier d’un retour au pays natal.
Fureur et mystère.
Pigments névralgies.
Ethiopiques.
Présence Africaine.
Alioune Diop, Césaire, Damas, Senghor.
Char, Neruda, Eluard, Pessoa, Gibran, Rûmi, Camus.
Chinua Achebe, Sony Tansi.
Frankétienne.
Capitale de la douleur.
Vingt poèmes d’amour et une chanson…
Message.
Odes mystiques.
Le prophète.
Les esprits rebelles.
L’homme révolté.
Tous ces livres en moi.
Fleurs d’insomnie.
J’ai fait le tour du monde.
Depuis ma chambre à Bonapriso.
Des voyages immobiles.
Sous toutes les latitudes.
Grâce au pouvoir infini des mots.
En offrande
De merveilleux professeurs d’espérance
Je suis allé à la pêche ce matin.
La pêche aux souvenirs.
Mes souvenirs d’enfance.
Les disques de jazz de mon père.
Vinyles qui tournent.
Dans ma mémoire en boucle.
Art Blakey et les Jazz Messengers.
Manu, Dizzy, Sony, Count, Miles, Bird.
Gill Scott-Heron.
Coltrane.
Eko Roosevelt.
Blackstyl.
Les voix incomparables.
De Nina, Myriam, Billie.
Soleils noirs.
Qui me déchiraient le coeur et le recousaient.
En même temps.
le tempo
Le rythme.
Du jazz.
De la vie furieuse de vivre.
Libre.
La voie à suivre.
Les rêves.
Bleus.
Mo’ better blues.
Kind of blue.
The revolution will not be televised.
Spike Lee.
Denzel.
Le cercle des poètes disparus.
Mr Keating.
L’envie.
De tracer.
Mon propre chemin.
D’art.
Depuis je vais.
De par le monde.
Emportant avec moi.
Mes poèmes et ma foi.
Pour seuls bagages.
Je vogue.
Je vis.
Je vibre.
Je vole.
Libre.
Vers nous.
Ne sommes.
Que solitudes.
Je suis allé à la pêche ce matin.
La pêche aux souvenirs.
Mes souvenirs d’enfance.
Limbé, Kribi.
Et la musique des vagues.
La chaleur qui tape.
Sur la peau.
La lune qui se couche.
Sous nos yeux médusés.
De tant de beauté.
Cadeau de la terre.
Mère nourricière.
Je suis allé à la pêche ce matin.
La pêche aux souvenirs.
Mes souvenirs d’enfance.
Les virées à Zépol.
Pour un pili ou un croissant aux amandes.
Les années Libermann.
Les premiers freestyle de RAP au collège.
Nos matches de foot de rue.
Mon numéro éternel.
9 de coeur.
Le rire inénarrable de Dex que j’entends toujours.
Me dire que nous ne sommes que de passage.
Ici bas.

La mort
N’arrête
Pas
La vie.

Je suis allé à la pêche ce matin.
Et j’ai encore les pieds dans l’eau.

Et les rêves qui me fondent.

MAOB

One Love !!!

#écrirejustejusteécrire
#méditation
#artwork

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