On est là…

À Yaoundé, quelques matins plus loin.
Longtemps longtemps, après les années Messa.
Entre pays rêvé et pays réel.
Entre-deux.
Parenthèses enchantées.
Toutes voiles dehors.
Brèches ouvertes.
Comme nos blessures.
Et nos espérances.
Ouvertes. Elles aussi.
Sur nos futurs

On a parlé de co-construction, de co-organisation, de collaboration, de collectif et de sens, d’écoute et d’échos, de résonances, de l’autre en soi, d’énergie renouvelable. Ensemble.
On a partagé nos expériences sur scène et dans la vie, nos doutes et nos espoirs.
Ensemble.
On a kiffé. La life. La poésie des instants. La musique « m’aime » de nos silences habités. L’Afro jazz sous les manguiers. Le goût des mangues matin midi soir.
Ensemble.
On s’est donné la main, donné le mot, donné le salam et la paix de l’âme.
Ensemble.
On a fait ce qu’on croyait juste : slamer sur la lune, écrire juste, juste écrire, être juste, juste être, dire juste, juste dire, en tout temps et en tous lieux, écrire, être et dire qui nous sommes et de quel côté nous nous inscrivons, nous écrivons, du côté de la beauté, qui dissipe les ténèbres, et les vieilles ombres.
Et il ne saurait y avoir de beauté pleine, sans justice, ni dignité, ni liberté, pour chacune, chacun, pour toutes et pour tous.
Il y a tant.
De choses à écrire, dire, vivre et faire vivre en chœur.
Ensemble.
Tant de jolies choses à créer, pour pouvoir s’en souvenir fou sourire à notre dernier soir sur cette terre.
Tant de brèches, à ouvrir aussi, à ouvrir encore.
Et pas seulement, plus seulement, je le réalise radicalement, pour nous évader du réel, mais pour le transformer, le sublimer, à notre échelle modeste.
Ouvrir des brèches dans l’espace et le temps, c’est agir, déjà.
Imaginer. Envisager. Inventer. Le jour d’après.
Le jour, présent à s’offrir. Toujours

Ouvrir des brèches, c’est bel et bien de cela qu’il s’agit en poésie, également. Définitivement.
Ouvrir des brèches, pas seulement les colmater.
Ouvrir des brèches et peut-être aussi, allumer des mèches.
En soi. Et en l’autre, parfois.
L’autre, celle ou celui qui nous lit, nous dit qui nous sommes dans sa voix, dans ses yeux, et qui elle est, qui il est, dans notre voix, enrouée, nos yeux, embués.
Notre regard.
D’enfant perdu, retrouvé.
Entre deux rives.
Deux rêves.
Entre-deux.
Feux.

J’ai quitté le Cameroun fils, j’y suis revenu père.
Et toujours plus fier du mien, et de sa femme, ma mère.
Fier de mes parents, ému par le parcours de vie de celui et celle qui m’ont inoculé l’amour de la culture et des belles lettres, et le virus de l’être.
Je regarde mon pays natal et et j’entends sa jeunesse boulevesante, pétrie de talents multiples, et je me dis que ce nous avons raté individuellement, collectivement pour les jeunes générations, elles ne pourront le réussir un jour qu’à la seule condition du Collectif, débarrassé des haines et jalousies intestines, du tribalisme qui gangrène notre histoire comme un cancer du colon. Et nous pouvons, chacune, chacun, faire notre part, modeste. Ensemble. Avancer vers une aube nouvelle, réapprendre à nous abreuver à la même eau de vie. Source de tous les possibles.

Ouvrir. Les bras.
Pour accueillir l’à venir, cueillir l’instant.
Poème.
Carpe diem.
Ouvrir. Le cœur.
Pour laisser y pénétrer sa lumière, la lumière.
Toute la lumière.
Du monde.

Merci à Abomba Louise, Sadrak, Fred Ebami, Albert Morisseau Leroy, Gaelle Rauche, Ange Alexandre, Jimmy le Slameur, Hugues Tchoumegni, André Ngoah, Jean Stéphane Mebonde Ndongo, Ernis Ernis, Djemi La Slameuse et toutes celles et tous ceux dont je n’ai pas les contacts ici et qui ont participé aux rencontres organisées dans le cadre de la remise du Prix Orange du Livre Afrique à Yaoundé cette semaine, na som, na som jita, pour le partage. Na son encore, à Calvin Yug, Serges Epoh et Marsi Essomba

One Love !!!

#TourDuMondePoétique
#LifeisAPoetrip
#OASSLExperience
#CamerounOmulema

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